The Great Reset (La grande réinitialisation)

Quelle étrange tenue presque rituelle ...

 

 Les événements récents n'ont servi qu'à montrer l'importance de comprendre les doctrines «eschatologiques». L'annonce de la soi-disant «Great Reset» par un groupe «mondialiste», le forum économique mondial, porte en eux une marque infra-humaine caractéristique:

- Confisquer tous les biens de tous les êtres humains dans le monde. Leur devise désormais tristement célèbre: "You will own nothing and you will be happy".

- Forcer les êtres humains à habiter de minuscules «gousses», dépourvues de toute liberté de mouvement de quelque nature que ce soit.

- Détruire la capacité de l'être humain à déterminer ce qu'il doit manger, conformément aux principales lois. Leur programme manifeste est d'imposer un régime d'insectes à tous les peuples de la planète.

- Forcer les êtres humains à injecter des substances étranges dans leur corps, au moins sept fois par an. On ne sait toujours pas ce que font ces substances, mais elles ont probablement des effets psychophysiologiques néfastes.

Dans son ouvrage «prophétique», Le règne de la quantité et les signes des temps, René Guenon évoquait déjà la mise en œuvre de telles politiques infra-humaines:  

...Pour amener les hommes à vivre entièrement «en public», on ne se contente pas de les rassembler en «masse» à toute occasion et sous n’importe quel prétexte; on veut encore les loger, non  pas  seulement  dans  des  «ruches»  comme  nous  le  disions  précédemment,  mais littéralement dans des  «ruches de verre», disposées d’ailleurs de telle façon qu’il ne leur sera possible d’y prendre leurs repas qu’«en  commun»;les  hommes  qui  sont capables  de  se  soumettre  à  une  telle  existence  sont  vraiment  tombés  à  un  niveau «infra-humain»,  au  niveau,  si  l’on  veut,  d’insectes  tels  que  les  abeilles  et  les fourmis;et on s’efforce du reste, par tous les moyens, de les «dresser» à n’être pas plus  différents  entre  eux  que  ne  le  sont  les  individus  de  ces  espèces  animales,si  ce n’est même moins encore... 

[Le règne de la quantité et les signes des temps, page 63]

 

L'absence totale et totale d'intimité, dans le cadre d'un nouveau «contrat social», est également ce que souhaitent les partisans de ces politiques. Ainsi, les signes d'un nouveau système néo-féodal global sont déjà là, très visibles pour tout le monde. Les «contre-initiés» qui sont clairement derrière de telles choses mettent en place les chaînes de leur système entrant à une vitesse fulgurante. Le monde a déjà eu un avant-goût de cela, étant donné les "verrouillages" actuels, où les gouvernements locaux se soumettent tous aux diktats d'un corps social mondial et où les citoyens sont même physiquement brutalisés, sans aucune répression, pour avoir osé désobéir. ordres tyriniques.

 

Mutiler le pont psycho-physiologique? (Seattle 2021 Célébration du nouvel an...)

La mutilation forcée de l'être humain, sous des «vaccins» forcés, pourrait servir à aider au processus qui défait les «nœuds solides» formés par les ères antérieures du matérialisme et de la solidification. Guenon explique plus à ce sujet:

...en  fait,  pour  délier  les  «nœuds»  résultant  de  la  «solidification»  qui s’est  poursuivie  jusqu’ici  (et  nous  employons  intentionnellement  ici  ce  mot  de «nœuds»,qui  évoque  les  effets  d’un  certain  genre  de  «coagulation»,  relevant surtout de  l’ordre  magique), il faut  l’intervention, plus directement  efficace  à  cet égard,  de  quelque  chose  qui  n’appartient  plus  à  ce  domaine,  somme  toute  fort restreint,  auquel  se  réfère  proprement  le  «règne  de  la  quantité».  Il  est  facile  de comprendre, par ce que nous avons déjà indiqué occasionnellement, qu’il s’agit là de l’action  de  certaines  influences  d’ordre  subtil,  action  qui  a  d’ailleurs  commencé depuis longtemps à s’exercer dans le monde moderne, quoique d’une façon assez peu apparente tout d’abord, et qui même a toujours coexisté avec le matérialisme depuis le  moment  même  où  celui-ci s’est constitué sous une forme nettement définie, ainsi que  nous  l’avons  vu  à  propos  du  magnétisme  et  du  spiritisme,  en  parlant  des emprunts que ceux-ci ont faits à la «mythologie» scientifique de l’époque où ils ont pris  naissance. Comme  nous  le  disions  aussi  précédemment,  s’il  est  vrai  que l’emprise du matérialisme diminue, il ne convient pourtant guère de s’en féliciter, car, la  «descente» cyclique n’étant pas encore achevée, les «fissures»  auxquelles  nous faisions alors allusion,et sur  la nature desquelles nous allons avoir bientôt àrevenir,ne peuvent se produire que par  le bas... 

[Ibid., page 121]

Les «vaccins» en question affecteraient l'être humain non seulement physiquement, mais aussi psychiquement. Il existe de nombreux médicaments qui provoquent déjà un changement d'état comme le LSD et ces «vaccins» forcés pourraient bien avoir des effets similaires sur de nombreuses personnes dans le monde. De plus, sur ce dernier point concernant l'intervention de «forces subtiles inférieures», il faut se rappeler que la «Grande Muraille» qui sépare notre état d'existence de celui de certaines entités est également sur le point de s'effondrer.

L'état du domaine corporel par rapport aux autres domaines est, au moins pour les humains «ordinaires», quelque chose qui est sujet à changement, d'époque en époque. Guenon l'explique bien: 

...Non seulement l’homme, parce que ses facultés étaient beaucoup moins étroitement limitées, ne voyait pas le monde avec les mêmes  yeux  qu’aujourd’hui,  et  y  percevait  bien  des  choses  qui  lui  échappent désormais entièrement;mais, corrélativement, le monde même, en tant qu’ensemble cosmique,  était  vraiment  différent  qualitativement,parce  que  des  possibilités d’un autre ordre se reflétaient dans le domaine corporel et le «transfiguraient» en quelque sorte;et c’est ainsi que, quand certaines «légendes» disent par exemple qu’il y eut un temps où les pierres précieuses étaient aussi communes que le sont maintenant les cailloux  les  plus  grossiers,  cela  ne  doit  peut-être  pas  être  pris  seulement  en  un  sens tout symbolique. Bien entendu, ce sens symbolique existe toujours en pareil cas, mais ce n’est pas à dire qu’il soit le seul, car toute chose manifestée  est  nécessairement elle-même  un  symbole  par  rapport  à  une  réalité  supérieure;nous  ne  pensons d’ailleurs pas avoir besoin d’y insister, car nous avons eu ailleurs assez d’occasions de nous expliquer là-dessus, soit d’une façon générale, soit en ce qui concerne des cas plus particuliers tels que la valeur symbolique des faits historiques et géographiques... 

[Ibid., page 94]

D'une époque à l'autre, l'humanité «ordinaire», ainsi que l'environnement cosmique lui-même, subissent des changements qualitatifs. Certains de ces changements incluent une "solidification" à la fois de l'environnement terrestre, ainsi que de certaines facultés de l'homme ordinaire. Cela signifie que d'une manière générale et littérale, la réalité et ses éléments ne sont pas pleinement perçus. Maintenant, avec la "dissolution" imminente, cette "solidification" préalable doit être annulée et à mesure que les forces de dissolution augmentent, la perception directe des réalités actuellement cachées deviendra une possibilité pour la généralité de l'humanité:

...En  envisageant  ainsi  les  choses,  on  en  arrive  finalement  à  ceci:ou  bien  on voyait autrefois ce qu’on ne voit plus maintenant, parce qu’il y a eu des changements considérables  dans  le  milieu  terrestre  ou  dans  les  facultés  humaines,  ou  plutôt  dans les  deux  à  la  fois,  ces  changements  étant  d’ailleurs  d’autant  plus  rapides  qu’on s’approche davantage de notre époque... 

[Ibid., page 97]

Une fois les formes visibles de l'instant purement « invisible » (savitarka et savicara samadhi, nivitarka et nivicara samadhi...).

 

De plus, concernant certains êtres d'un ordre subtil autrefois visibles et aussi, certaines espèces corporelles de créatures qui n'existent plus:

...À  ce  propos,  nous  ajouterons  encore  une  remarque  concernant  certaines descriptions  d’êtres  étranges  qui  se  rencontrent  dans  cesrécits:comme   ces descriptions  datent  naturellement  tout  au  plus  de  l’antiquité  «classique»,  dans laquelle  il  s’était  déjà  produit  une  incontestable  dégénérescence  au  point  de  vue traditionnel, il est fort possible qu’il s’y soit introduit des confusions de plus d’une sorte;ainsi,   une   partie   de   ces   descriptions   peut   en   réalité   provenir   des «survivances» d’un symbolisme qui n’était plus compris, tandis qu’une autre peut se  référer  aux  apparences  revêtues  par  les  manifestations  de  certaines  «entités»  ou «influences» appartenant au domaine subtil, et qu’une autre encore, mais qui n’est sans doute pas la plus importante, peut être réellement la description d’êtres ayant eu une existence corporelle en des temps plus ou moins éloignés, mais appartenant à des espèces  disparues  depuis  lors  ou  n’ayant  subsisté  que  dans  des  conditions exceptionnelles  et  par  de  très  rares  représentants,  ce  qui  peut  même  encore  se rencontrer aujourd’hui, quoi qu’en pensent ceux qui s’imaginent qu’il n’y a plus en ce monde rien d’inconnu pour eux.

[Ibid., page 98]

L'assaut des hordes démoniaques!

 

Ainsi, selon Guenon, toutes les soi-disant «légendes» n'étaient pas seulement symboliques, mais avaient une contrepartie littérale et visible. Celles-ci impliquaient des entités qui étaient visiblement vues à différentes époques mais qui, à l'époque précédente de «solidification», n'étaient devenues visibles que par quelques privilégiés de la race humaine. En ce qui concerne la destruction imminente de la «Grande Muraille», Guenon a ceci à dire, concernant certaines de ces entités:

...Dans   la   tradition   islamique,   ces   «fissures»   sont   celles   par   lesquelles pénétreront,  aux  approches  de  la  fin  du  cycle,  les  hordes  dévastatrices  de  Gog  et Magog, qui font d’ailleurs des efforts incessants pour envahir notre monde;ces «entités»,  qui  représentent  les  influences  inférieures  dont  il  s’agit,  et  qui  sont considérées  comme  menant  actuellement  une  existence  «souterraine»,  sont  décrites à la fois comme des géants et comme des nains, ce qui, suivant ce que nous avons vu plus  haut,  les  identifie,  tout  au  moins  sous  un  certain  rapport,  aux  «gardiens  des trésors cachés» et aux forgerons du «feu souterrain», quiont aussi, rappelons-le, un aspect   extrêmement   maléfique;au  fond,  c’est  bien  toujours  du  même  ordre d’influences subtiles «infra-corporelles» qu’il s’agit en tout cela.  À  vrai  dire,  les tentatives  de  ces  «entités» pour s’insinuer dans le monde corporel et humain sont loin d’être une chose nouvelle, et elles remontent tout au moins jusque vers les débuts du Kali-Yuga,  c’est-à-dire  bien  au  delà  des  temps  de  l’antiquité  «classique» auxquels se limite l’horizon des historiens  profanes.  À  ce  sujet,  la  tradition  chinoise rapporte, en termes symboliques, que «Niu-Koua (sœuret épouse de Fo-hi, et qui est dite  avoir  régné  conjointement  avec  lui)  fondit  des  pierres  des  cinq  couleurs4pour réparer une déchirure qu’ungéant  avait  faite  dans  le  ciel»  (apparemment,  quoique ceci ne soit pas expliqué clairement, en un point situé sur l’horizon terrestre) ;et ceci se réfère à une époque qui, précisément, n’est postérieure que de quelques siècles au commencement du Kali-Yuga...

[Ibid., page 125]

Un étrange exemple de résonance, où la «culture populaire» capte sans le savoir une crise du monde actuel ...

 

Ces entités sont adeptes de la métallurgie, comme Guenon l'avait expliqué plus tôt dans le livre cité. Quelle pertinence cela a-t-il à voir avec l'article? Eh bien, à propos de la récente pandémie, le gouvernement des États-Unis s'apprête à "révéler", dans 180 jours (à compter de la fin décembre de l'année dernière), un rapport qui détaille tout ce que les agences secrètes savent sur les "extraterrestres". Il est quelque peu étrange que cette directive ait été regroupée avec des éléments relatifs à la "pandémie" actuelle.

Lam d'Aleister Crowley aux côtés d'un «extraterrestre» stéréotypé. Crowley était un «contre-initié» actif.

 

En tout cas, quiconque ayant la moindre connaissance de l'ésotérisme sait que ces «extraterrestres» ne sont pour la plupart que des entités subtiles maléfiques, en disques volants métalliques, auxquelles Guenon fait allusion. La forte présence de métal dans leurs instruments, associée à leur stature stéréotypée dimunitive et naine, en est un autre témoignage.

La manifestation continue de ces entités maléfiques et l'admission par les gouvernements mondiaux d'une coopération directe avec eux, pour la fondation d'une «grande réinitialisation», d'un «nouvel ordre mondial», d'un «nouvel âge» est un autre signe des temps, que le processus d'un changement de la face de la terre est à un état accéléré.  

Les éléments pour la formation d'une «contre-tradition» mondiale sont tous là: divers organismes mondialistes qui remplacent l'autonomie régionale, la destruction imminente du mode de vie actuel, la destruction de la «Grande Muraille» et l'invasion d'entités qui en résulte d'un autre état d'être et d'une recherche visible, où la grande majorité des hommes est réduite à quelque chose d'encore plus bas que les insectes.

L'invasion de notre terre, par ces entités entraînera certains changements qualitatifs, même à la science moderne, qui subira une sorte de «transmutation», de telle sorte que son objet d'étude ne sera plus seulement des forces matérielles, mais aussi et en fait principalement, les forces du plus bas renfoncement du monde psychique.

Il est difficile de prédire exactement comment les choses se dérouleront, mais une chose est certaine: les changements généraux vont influencer l'ensemble de la terre et cela marquera définitivement la fin du règne de la quantité et le début visible du «contre-traditionnel» Empire. Les facultés de la plupart des humains, dans leur aspect psychique inférieur, se réveilleront, l'environnement terrestre prendra la plupart du temps un "visage infernal" et ceux qui connaissent la Vérité, dans le monde entier, devront se lever, se rassembler et former une véritable résistance. Bien que certaines réserves puissent être de mise, le livre cité de René Guenon reste un élément d'étude très important pour tous ceux qui souhaitent comprendre ces choses et même participer à la lutte contre la subversion mondiale actuelle. Il est dommage que la plupart des «guénoniens» l'étudient à peine, et encore moins le comprennent.

En fin de compte, il ne peut y avoir qu'une véritable restauration entre l'empire «contre-traditionnel» éphémère et le Satya Yuga de la prochaine humanité. (Cette restauration sera probablement impliquer la manifestation visible de « Agartha », avec le « roi du monde », ainsi que tout le peuple de « Agartha » menant un assaut final vers l'empire « contre-traditionnel » et d'un seul coup, mettre la fin de leur subversion).

Une seule épée et un seul coup pour tout finir ...

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René Guénon - La frontière de l'autre monde

 

Fidèle à sa lâcheté, Hapel a annulé ce qu'il déclarait être un «roman» écrit par un jeune Guenon à partir de son blog. J'ai pu obtenir une traduction du roman en anglais, mais j'ai pu me procurer la version originale française. Cela dit, la reproduction suivante peut contenir des erreurs, car elle est traduite du français vers l'anglais et à nouveau vers le français. Espérons que quelqu'un d'autre publiera la version française originale, si Hapel ne gagne pas miraculeusement le courage de le faire lui-même.
 

Avant de publier la version que j'ai de ce manuscrit, quelques observations s'imposent.

Déjà sous une forme qui dépasse les naissances, des thèmes qui vont dominer tout le corpus de Guenon sont présents, au lecteur impartial de ce texte. Ceux-ci inclus: 

- Aspiration à l'initiation comme cause qui évoque une réponse d'un certain type d'ordre initiatique, dans ce cas, un ordre rosicrucien.

- Les soi-disant «manières non conventionnelles» que ces ordres répondraient au futur initié pendant les périodes d'obscurité et d'ignorance généralisées. (Il est intéressant de noter que Guenon a été la dupe du tristement célèbre scandale «Asia Mysteriosa», parce qu'il avait l'intention de voir des «moyens non conventionnels» de communication similaires à partir d'un centre caché qui interviendrait pour aider les dignes des époques ténébreuses. Il est déjà évident que même dans son adolescence, ces idées étaient présentes sous forme germinale. Des idées qui conduisent à quelques hypothèses et préjugés de sa part ...)

- La dépendance totale du futur initié à ces ordres initiatiques.

- L'opinion de Guenon selon laquelle les seuls ordres initiatiques valables qui subsistent en Occident sont le Compagnonnage et la franc-maçonnerie. (Les événements de son roman tournent autour d'un camp de Roms, par exemple. Initiations liées à l'artisanat, en gros.)

- Les rôles manipulateurs que les membres de différents ordres initiatiques assument, étant donné qu'ils sont censés être dans un état transcendant au-delà de toute opposition. À partir de cet état transcendant, ils peuvent alors faire des pions de n'importe qui pour des raisons et des motifs variés.

(Dans sa propre vie, Guenon a manipulé différentes personnes, depuis ses jours dans l'église gnostique, à travers des «phénomènes produits», jusqu'à sa collaboration avec les maçons et les anti-maçons. Il a même cherché à faire appel à différents groupes politiques comme l'action-francais, dirigé par Charles Maurass. Il a pris plusieurs «signatures» qui variaient selon le «rôle» qu'il jouait à l'époque. Un souvenir de certains des récits de la vie de Guenon qui sont cohérents avec ce thème du «maître de marionnettes» peut être consulté ici.)

- Le concept de divers essais initiatiques, qui peuvent aider ou nuire au néophyte.

- L'introduction d'un «pouvoir subversif», qui cherche à utiliser les initiés à ses propres fins. C'est probablement le concept de «contre-initiation», qui s'infiltre et imite les rituels authentiques, les pervertissant pour ses propres raisons. Fait intéressant, à partir de ce roman, on peut voir que l'influence «contre-initiatique» pourrait aider le néophyte (par exemple, le protagoniste reçoit d'abord une véritable initiation rosicrucienne, qui lui donne une prise de conscience symbolisée par le rang de " Prince ", avant qu'il ne puisse être utile aux forces subversives), avant de l'égarer. Cela est logique, car comme on dit, « la corruption des meilleurs, est le pire ».

- Il y a aussi une théorie selon laquelle ces types d'écrits d'un jeune Guenon représentent une technique qui l'a aidé à épuiser toutes ses «possibilités inférieures».

Dans ses remarques initiales concernant ce manuscrit, M. Hapel a ignoré tout cela, ou n'a pas pu le réaliser et conformément à ses indophilia chaotiques, a souligné que c'est un « travail Shaivite », tout simplement parce que Guénon a employé le terme « aum », une fois ou deux! L'ironie étant qu'il y a plus de formules rosicruciennes, hermétiques, juives, bohèmes et lucifériennes employées que toutes les formules hindoues ...

En tout cas, il est clair que les concepts que je viens de souligner sont présents dans ce manuscrit, bien que de manière discordante, mais à être correctement arrangés et transmis au monde, en plus de 40 ans ...

Je posterai d'abord la version française retraduite, puis la version anglaise dans le post suivant.

 

René Guénon - La frontière de l'autre monde

 

L'énigme du sphinx 

Il n'y a pas d'énigme plus troublante pour l'homme que l'homme lui-même, car tout en lui est mystère, son origine, sa nature et son destin. Il aspire à connaître les réalités qui existent en dehors de lui, et c'est certainement très légitime; Mais ne devrait-il pas chercher d'abord à se connaître?

Telles étaient les réflexions que j'ai faites pour la centième fois peut-être errant dans les rues bruyantes et animées de Paris, et tout le mouvement que je voyais autour de moi me paraissait lointain, confus, indéfinissable. Quel est le but de toute cette activité? Quelle est la raison d'être de la vie humaine, que sont tous ces êtres qui se déplacent autour de moi? Que pensent-ils? Où vont-ils ? Suis-je même sûr qu'ils existent vraiment, qu'ils ne sont pas de simples fantômes de mon imagination et qui suis-je?

Il m'aurait été très difficile de répondre à ces multiples questions, et pourtant il y avait une chose dont je ne pouvais douter: c'était ma propre existence. Je pensai alors au cogito, ergosum de Descartes, et j'en fus étonné, presque scandalisé: par quelle étrange aberration ce philosophe éprouvait-il le besoin de se prouver qu'il existait? Mais puisque je possède l'existence, pourquoi cette propriété m'appartiendrait-elle seule? Pourquoi n'y aurait-il pas d'autres êtres que moi? Oui, tous ces gens qui m'entourent, qui s'affrontent, qui crient, qui gesticulent, qui ont agité de tous côtés, doivent aussi exister; Tout cela ne peut être une simple illusion, mais que sont ces êtres? Leur nature doit sans doute être analogue à la mienne, de même que leur apparence; Ils me sont plus ou moins semblables, et d'ailleurs, s'ils me ressemblent plus ou moins, et d'ailleurs, s'ils n'avaient rien de commun avec moi, je ne pourrais ni les connaître ni même les concevoir; Mais, encore une fois, que suis-je moi-même?

Cette question me revenait constamment et m'obsédait: les autres êtres sont ce que je suis, mais cela ne me fait pas connaître leur nature, car le mystère est en moi. Et ce mystère s'est formulé en un triple et formidable interrogatoire, que je semblais avoir entrevu dans le passé, mais sans pouvoir précis de mémoire: d'où viens-je? Que suis je ? Où vais-je ?

Là où j'allais, j'aurais dû être à ce moment incapable de le dire; J'errais sans joie, et j'avais parcouru tant de rues et de places, que je n'avais qu'une idée très vague de l'endroit où j'étais, et du temps qui s'était écoulé depuis le début de ma méditation; le monde extérieur avait presque disparu pour moi, et je n'ai vu que trois immenses points d'interrogation; toujours les trois questions obsédantes revenaient: d'où vient l'homme? Qu'Est-ce que c'est? Où va-t-il ?

- L'homme vient de Dieu, il est un Dieu déchu, et il revient à Dieu!

Qui avait murmuré ces mots à mon oreille? Je me suis retourné et je n'ai vu personne, pourtant ce n'était pas une voix intérieure que j'avais entendue, et bien que j'étais absorbé dans mes pensées, je n'étais ni endormi ni halluciné.

- Le Sphinx vous a posé sa triple énigme, et, Œdipe, vous devez triompher de lui!

C'était la même voix qui avait encore parlé: je me suis retourné, mais il n'y avait personne derrière moi ou à côté de moi, ou du moins aucun être visible. Car il devait y en avoir un, puisque j'avais très clairement entendu deux fois différemment. Ces mots doivent avoir été prononcés par un invisible, mais néanmoins réel; Pourquoi n'y aurait-il pas d'êtres autres que ceux que nous voyons? Les récits de phénomènes mystérieux me revinrent à l'esprit, mais je ne les avais jamais vus par moi-même; J'étais donc profondément troublé.

Je n'ai rien entendu d'autre ce jour-là, mais je suis rentré chez moi, je n'ai pas pu dormir la nuit; Un nouveau monde s'est ouvert devant moi, et il me semblait que ma tête allait éclater. L'étrangeté du phénomène retenait toute mon attention, et je ne pensais même pas au sens des mots que j'avais entendus. Quoi qu'il en soit, j'ai décidé aussitôt d'aborder l'étude de l'occultisme, sur laquelle je ne savais que très peu de chose, mais qui devait me permettre de réaliser ce qui venait de se passer, et aussi de ce qui m'arriverait après, car à moi que tout ne se limiterait pas à cela.

Le lendemain, je me suis procuré quelques ouvrages, dont je connaissais les titres, et je me suis mis aussitôt à travailler. Plusieurs jours se sont écoulés sans nouveaux incidents, et j'ai profité de ce temps pour acquérir quelques notions d'occultisme; Cette étude m'attirait tellement que j'y consacrais maintenant tout mon temps. Un jour mes yeux sont tombés sur les lignes d'Eliphas Levi:

Le front du Sphinx parle d'intelligence, ses seins d'amour, ses ongles; Ses ailes sont la foi, le rêve et l'espoir, Et ses flancs de taureau travaillent ici-bas! Si tu sais travailler, croire, aimer, te défendre, Si par besoin tu n'es pas enchaîné, Si ton cœur sait vouloir et ton esprit comprend, Roi de Thèbes, salut! Vous êtes couronné!

Aussitôt le sens des paroles prononcées par la voix mystérieuse me revint: je devais résoudre l'énigme du Sphinx: mais comment pourrais-je, par mes propres forces, me connaître?

- L'aide ne manque jamais aux hommes de bonne volonté! 

La même voix avait encore parlé, et cette fois avec moi, là où j'étais seul! J'étais terrifié et je sortais en toute hâte, espérant me distraire par le contact du monde extérieur, et en même temps remettre de l'ordre parmi les idées tumultueuses qui se heurtaient en moi. Cependant, je n'ai pas pu retrouver mon calme et ce n'est pas sans une grande appréhension que je suis rentré chez moi. Ce fut tout autre chose quand je vis sur mon bureau une grande feuille de papier couverte d'écriture, je ne m'approchai qu'en tremblant.

En haut de cette feuille se trouvait une figure étrange: une croix, sur laquelle était une rose, portait aux extrémités de ses quatre branches les lettres hébraïques formant le Nom Divin, le Saint Tétragramme; Devant cette croix se trouvait le sphinx, et en dessous était lu ce mot de l'Évangile: «Quaere et invenies»! Plus bas, une main mystérieuse avait tracé ces lignes: 

A vous qui cherchez le grand Arcana, Salut! Vous ne savez pas qui nous sommes, mais nous savons qui vous êtes ce que vous ne savez pas vous-même! Nous vous avons parlé, mais vous ne nous avez pas vus, car vos yeux ne peuvent pas encore voir l'Invisible. Mais n'ayez pas peur: notre protection est sur vous, et nous vous aiderons à résoudre l'énigme du Sphinx. Ceux que nous avons choisis ne les abandonnent jamais. Quant aux autres, les profanes qui ont des yeux et ne voient pas, qui ont des oreilles et n'entendent pas, nous resterons toujours invisibles pour eux car ils sont incapables de connaître la Vraie Lumière.

Lux en tenebris lucet, et tenebrae eam non comprehenderunt! Mais à tous ceux qui ont de la bonne volonté, la Parole a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, car ceux qui croient en son nom sont dignes de recevoir la lumière: Gloria in excelsis deo, et in terra pax hominibus bonae voluntatis! La Parole est le Chemin, la Vérité et la Vie! Méditez ces mots en silence et ne les communiquez à personne. Lege, lege et relege: labora, ora et invenies!

Maintenant, je ne pouvais plus détacher mes yeux de cette inscription, qui me paraissait tracée en caractères lumineux, en flammes. J'y pensais jour et nuit, je méditais sans cesse, mais je ne trouvais pas le mot de l'énigme. Enfin, un jour, alors que je marchais, j'y ai repensé, et la voix m'a dit: Pardon et persévérance!

Au retour, j'ai trouvé une nouvelle feuille de papier, placée comme la première, sur laquelle ces mots étaient dessinés de la même écriture.

Sachez que l'énigme du Sphinx est triple, et que trois se résout en quatre. Le Sphinx lui-même est quatre: Tête d'homme, corps de taureau, ailes d'aigle et griffes de lion. 

 La croix est aussi quatre: toute science divine et humaine est contenue en principe dans l'ineffable Tétragramme, chef de la sainte Kabbale! 

 Considérez les quatre bêtes de la vision d'Ézéchiel et de l'Apocalypse, et quand elles se rapprochent, quatre en un, voyez ce qu'est leur être.

 Souvenez-vous du Kerub qui, armé de l'épée flamboyante, garde l'entrée d'Eden! 

Souvenez-vous aussi des roues que le prophète Ézéchiel a vues: Rota, Taro, Ashor, Thorah!

Souvenez-vous des quatre verbes de l'initiation magique: savoir, vouloir, oser, se taire! 

Contemplez l'inscription sur la croix, et considérez-la comme formée de quatre lettres comme Tetragrammaton: INRI! 

Lorsque vous aurez compris ces choses, vous serez près de connaître la lumière! 

Post tenebras lux! Ordo ab Chao!  

J'ai lu, j'ai relu, j'ai médité, mais je n'ai pas compris, ou du moins j'ai compris très imparfaitement; Je connaissais peu l'occultisme des généralités et je savais à peine ce qu'était la Kabbale. Néanmoins, il me semblait que je sentais en moi de nouvelles idées que je ne pourrais pas exprimer, si vagues et différentes de tout ce que j'avais connu auparavant!

Quelques jours passèrent, pendant lesquels je n'entendis pas la voix; Mais j'ai trouvé dans ma maison une troisième épître mystérieuse, conçue en ces termes:

Vous qui voulez savoir, sachez d'abord que vous ne savez rien! Quand vous saurez cela, vous serez plus fort que tous les scientifiques du monde, qui ne savent rien en réalité, pas même leur ignorance! Vous devez conquérir la fierté et l'ambition en vous-même: les distinctions humaines n'ont aucune valeur à nos yeux. Dieu seul est bon! Dieu seul est grand! Dieu seul est puissant! Quis similis tibi à fortibus, Domine? Tout dans ce monde n'est que vanité: gloire, fortune, tout cela n'est rien. Vanitas vanitatum et omnia vanitas! Une seule chose est nécessaire à l'homme: c'est la parole de Dieu! Le Christ a dit: Le ciel et la terre passeront, mais ma Parole ne passera pas! La Parole est perdue, le monde est plongé dans les ténèbres, mais si vous la désirez ardemment, vous émergerez de ces ténèbres, et la Vérité vous apparaîtra. Sachez que votre force ne réside pas seulement dans la volonté, mais aussi et surtout dans le désir; L'homme de désir est le protégé de la providence. Cherchez la Parole perdue, et vous la trouverez; Demandez la lumière et vous la recevrez; Frappez à la porte du temple, et ils vous ouvriront.

Après avoir lu ces mots, j'ai vu devant moi l'inscription de la croix: INRI, et au même moment j'ai entendu la voix qui me disait: 

Igne Natura Renovatur Integra​ ! 

Il me semble alors que quelque chose éclairait en moi, et, prenant la feuille de papier sur laquelle étaient écrites les lignes que je venais de lire, j'ai vu au-dessus la figure du sceau de Salomon, que je n'avais pas remarquée.

Cependant, je ne comprenais pas encore pleinement la signification des quatre lettres mystérieuses, et toute mon attention était portée sur ce point, lorsque la voix, qui ne m'effrayait plus, se fit à nouveau entendre et dit:

  - Réintégration dans l'Unité par l'amour!  

Cette fois, j'avais compris, et je voyais comme une lumière brillante; Mais la triple énigme du Sphinx se pose toujours: d'où vient l'homme? Qui est-il ? Où va-t-il ? Je me suis souvenu de la réponse que la voix avait faite la première fois, et je la comprenais maintenant, mais pas encore assez pour exprimer ce que je sentais être la Vérité.

Une quatrième épître le lendemain formulait ce que l'intuition m'avait fait prévoir:

Un et deux sont trois: tout vient de Dieu. Dieu non manifesté est un, Dieu manifesté est trois, un et trois sont quatre. Dieu est trois: Père, Fils, Esprit, et ces trois sont un. L'homme est aussi trois: l'esprit, l'âme, le corps, et ces trois sont un. L'Unité manifestée est la Trinité, qui est la Tri-Unité. Tout est sorti d'un, et tout doit revenir à un!

J'ai alors lu divers passages d'ouvrages kabbalistiques relatifs à la doctrine d'Adam Kadmon, qui me paraissaient clairs, et j'y ai trouvé l'explication de la première phrase que j'avais entendue, puisque Adam Kadmon, dont nous sommes tous des cellules, est la Parole manifestée, et que la Parole est Dieu!

En ce moment, deux vers de Lamartine me revinrent en mémoire:

Né dans sa nature, infini dans ses vœux, l'homme est un Dieu déchu qui se souvient des cieux.

Mais l'énigme du Sphinx se présenta à nouveau devant ma pensée, et aussitôt la voix répondit aux trois questions par ces trois mots:

- Chute, incarnation, rédemption! 

Et j'ai compris le lien entre l'énigme qui unit l'énigme du Sphinx et le mystère de la croix!

Puis la voix se fit entendre à nouveau et dit:

- Fermez les livres, ils vous seront inutiles maintenant!

Et j'ai compris que c'était en moi et non en dehors qu'il me fallait trouver le principe de toute connaissance, contrairement à ce que pensent les faux savants, et que la devise du vrai sage doit être: "Omnia mecum porto!"

Quelques jours plus tard, j'ai pu lire une cinquième lettre, qui contenait ces mots:

Le ternaire se développe et s'explique par le quaternaire. Le Sphinx est quatre, et ces quatre sont un. Le Quaternaire est l'expansion cruciale de l'Unity. Le quaternaire contient le Denar, donc tous les Nombres, et le Denar n'est que le développement de l'Unité. "Les nombres sont les principes des choses", a déclaré Pythagore. Les nombres de Pythagore sont identiques aux idées de Platon. La méditation vous apprendra comment tous les nombres sont sortis de l'Unité et comment ils reviendront. L'unité est le plus grand de tous les nombres, car elle les contient tous, souvenez-vous toujours de cette vérité. Lorsque vous aurez étudié la science des nombres, vous serez sur le point de tout savoir, mais celui qui sait tout ne sait encore rien.
Apprenez à connaître la vérité, et la vérité vous libérera!

Le lendemain, j'ai reçu une autre communication, qui se lisait comme suit:

Le Sphinx sait tout, car tout est dans tout et l'absolu est aussi dans l'homme. Si vous voulez atteindre la science intégrale, alors réalisez le Sphinx en vous. Lorsque vous avez atteint l'équilibre qui réside dans le milieu invariable, vous le saurez. Mais attention surtout à ce que le Sphinx ne dégénère pas par involution de chacun de ses éléments constitutifs, car au lieu du sublime gardien du sanctuaire invisible, vous n'auriez pas devant vous, ou plutôt en vous, une chimère ridicule, qui pourrait facilement se transformer en un monstre odieux.

Le Sphinx n'est pas seulement dans l'homme, il est aussi dans la nature. Comme le microcosme, comme le macrocosme; Ce qui est en dessous est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en dessous, pour accomplir le miracle de la chose unique. L'homme qui se connaît parfaitement sait toutes choses, car il contient en lui toutes les énigmes de l'univers, et celui-ci aurait vraiment réalisé le Sphinx, mais il ne serait plus un homme. Souvenez-vous aussi de la Croix jointe à la Rose Mystique "Ad Rosam per Crucem, ad Crucem per Rosam!" Que les portes dorées du sanctuaire des Arcanes s'ouvrent bientôt devant vous! "Pax profunda! Amen!"

Je méditai longuement ces lignes, et il me sembla que le sens m'était peu à peu révélé; Jour après jour, j'ai mieux compris ces enseignements mystérieux.

Enfin, quelque temps après, j'ai reçu une septième communication.

- Ave, Frater Rosae-Crucis​!   

A vous qui êtes maintenant à nous, salut et fraternité. Nous vous avons jugé digne d'être admis parmi nous et de participer à notre communion invisible. Mais soyez prêt à affronter toutes les épreuves qui ne manquent jamais de tomber sur le nouvel initié. Que votre calme et votre puissance brisent tous les obstacles, sache surmonter les multiples assauts de l'Adversaire, approche résolument du gardien du Seuil, dégage-toi des liens de la matière et des innombrables replis du Serpent Astral! Sachez que celui qui a vaincu les Terreurs de la Mort aura le droit d'être initié aux plus grands mystères. Sachez aussi que c'est en vous que vous trouverez le Principe de toute Vérité. N'oubliez jamais le symbole du Sphinx; Lorsque vous aurez résolu l'énigme qu'il vous présente, vous recevrez la couronne des mages. En vérité, l'énigme du Sphinx est le secret de l'homme. Savoir, vouloir, oser, se taire, est le quaternaire magique. Vous saurez qui nous sommes quand le moment viendra; Vous nous trouverez assemblés dans le temple du Saint-Esprit. Gloria, gloria, gloria Deo! Pax et Lux Tecum! Amen! .

 

L'adversaire

A partir de ce moment, je me suis senti tout à fait différent; Il me semble que quelque chose de nouveau avait pénétré en moi, que j'avais subi une véritable transmutation spirituelle. J'ai décidé d'essayer par tous les moyens en mon pouvoir d'entrer en contact direct avec les êtres mystérieux qui s'étaient si étrangement manifestés à moi, mais je prévoyais que tous mes efforts resteraient longtemps inutiles.

Un jour, j'ai rencontré une personne étrange, qui a immédiatement engagé la conversation avec moi; A en juger par son accent, il devait être anglais ou américain, mais il ne voulait pas me faire connaître son nom. Il m'a dit qu'il s'occupait de l'étude des phénomènes psychiques, mais qu'il n'admettait aucune des théories du spiritisme, auxquelles j'ai compris qu'il devait être un occultiste; Nous sommes donc parfaitement d'accord sur ce point. Il m'a alors demandé si je n'assisterais pas à une séance d'un cercle d'études expérimentales auquel il appartenait ce soir-là, et m'a proposé de me présenter au président; J'ai accepté avec empressement cette occasion de faire la connaissance de quelques occultistes.

Dans la soirée, donc, nous sommes allés ensemble à ce cercle, et j'ai été présenté au Dr Ochs, qui était son président; Ma surprise a été grande de voir que le public, composé d'une vingtaine de personnes, était majoritairement composé d'ecclésiastiques. Aucun temps n'a été perdu; Le président et deux autres personnes, dont un prêtre, posèrent leurs mains sur une table dont l'un des pieds devait se lever en réponse à la manière habituelle d'évocation spirite.

Le piédestal a commencé par faire diverses évolutions, plusieurs sauts en l'air, puis il a été fait parler, et voici le colloque qui a eu lieu, à mon grand étonnement, entre le président et lui: 

Qui êtes-vous? - Le diable - Qu'est-ce que diable? - Astaroth - Avez-vous des cornes? - Oui, combien? - Deux - Avez-vous une queue? - Non - Avez-vous une fourche? - Oui -Combien de pointes? Deux - Pourquoi? - À brochette - Qui voulez-vous embrocher? Tout, si je peux? - Pourriez-vous vous montrer sous une forme visible? - Dans le vieux Tata - Quand? - Maintenant - Faut-il éteindre les bougies? - Oui - eh bien!  

Dès que nous fûmes dans l'obscurité, le piédestal entra dans un accès de rage, remuant dans tous les sens, frappant vigoureusement le sol; Puis il se leva en l'air et traversa plusieurs fois le salon sans toucher le sol, distribuant des coups de pied à droite et à gauche. Cependant, nous n'avons pas vu le vieux Tata; Quand ils ont fait la lumière, ils ont demandé:

Êtes-vous toujours là? - Oui - Alors tu ne pouvais pas te montrer? - Non. Un des assistants, qui tenait un stylo et du papier pour noter les réponses, s'était amusé à caricaturer une figure hideuse du diable; Montrant la table, il lui dit: "Voici ton portrait." Aussitôt la table s'approcha de lui et se mit à gratter le papier pour effacer la caricature; Puis il a dit: "Je suis très jolie."

Ce furent ses derniers mots; Le piédestal est resté immobile pendant un certain temps.  

Peu de temps après, de nouvelles manifestations ont eu lieu et le président a repris son interrogatoire:

Qui êtes vous? - Le diable - Qu'est-ce que le diable? - Cerberus - Ai-je le droit de vous commander? -Non. Le prêtre parla alors: Et j'ai le droit de vous faire obéir? - Oui pourquoi ? - Parce que tu es prêtre - Es-tu ici pour le bien ou pour le mal? - Pour le mal - Revenez-vous dans cette maison si je vous ordonne de partir? - Non - Dans ce cas, laissez-nous partir, et si vous venez ici, vous devrez vous occuper de moi.

Un silence complet suivit ces mots, et chacun se prépara à partir. 

En sortant, un peu décontenancé par ce que je venais d'entendre, je cherchais mon compagnon, mais en vain; il a disparu. J'ai donc dû rentrer seul à la maison et il m'était impossible de dormir toute la nuit; Le jour venu, ce fut un grand soulagement pour moi, mais je pensais que c'était le début des épreuves qui m'avaient été annoncées, et je me suis promis de me tenir sur mes gardes.

Quand je suis sorti, la première personne que j'ai rencontrée était le docteur Ochs; Il est venu vers moi et m'a dit: "Vous êtes venu chez nous hier avec Adam Astor? Ce nom m'a surpris, mais je n'ai pas voulu faire savoir que je ne le savais pas, et j'ai répondu:" Oui. "La conversation a commencé à ce sujet, et naturellement ils sont venus parler de ce qui s'était passé la veille.

"C'est toujours ainsi que nous procédons", dit-il, "à chacune de nos séances, deux ou trois démons viennent, et, selon les dispositions avec lesquelles ils se présentent, nous les invitons à se montrer, ou nous les expulsons; De plus, je dois dire que, dans le premier cas, ils arrivent rarement à se rendre visibles. " 

"Mais, lui ai-je demandé, y a-t-il jamais autre chose que des démons?"

 "Non, de qui voulez-vous qu'il vienne?"

 "Seriez-vous un spirite? Et croiriez-vous aux manifestations des morts dans les tables?"

"Pas du tout, mais je suis un occultiste, et je sais qu'il peut y avoir soit une action de l'inconscient du médium, soit un manifestation d'entités du plan astral, telles que les éléments. "

"Nous n'avons pas de médium", répondit-il en riant, "et nous ne croyons ni au plan astral ni aux élémentaux."

 "Vous n'êtes donc pas occultistes? Que faites-vous alors?" 

"Nous sommes catholiques!" 

Ce mot a été prononcé avec un air de dignité offensée, qui, d'ailleurs, ne dura qu'un instant: "Nous ne sommes pas tous, cependant," répondit-il; "Adam Astor est donc un protestant, ce qui n'est pas surprenant pour un Américain, mais il est au moins sympathique au catholicisme, et nous espérons réussir à le déranger un jour. "   

"En lui faisant voir et entendre les démons?" 

"Certes, l'adversaire est un collaborateur, le diable est le meilleur instrument de conversion". 

Cette dernière réponse me parut assez singulière; Nous nous sommes quittés, et un instant plus tard, je me suis retrouvé face à face avec Adam Astor, qui a déclaré qu'il m'avait fouillé la veille et qu'il n'avait pas pu me trouver; Cela me parut étrange, puisque je l'avais cherché moi-même. Je lui ai raconté ma rencontre et ma conversation avec le Dr Ochs, sans toutefois lui dire qu'il avait fait connaître son nom; Je dois dire que ce nom m'a paru aussi étrange que le personnage lui-même.

"Oui", dit-il, "ces braves gens pensent qu'ils me convertiront, et je leur laisse cette douce illusion; mais bientôt je cesserai de rentrer chez moi, car ce spectacle manque de variété, et leurs démons ont une petite conversation intéressante."

"Pensez-vous", lui ai-je demandé, "que ce sont vraiment des démons?" 

"Vous devriez être d'accord sur ce que vous appelez cela; vous savez aussi bien que moi que le diable n'existe pas, mais il y a des démons, et même nous sommes tous plus ou moins, car qui dit que le diable dit être mauvais, et qui est capable de se vanter de ne pas être nuisible? " 

J'ai fait un signe d'étonnement.

"Oui", reprit-il, "ce que je dis vous étonne, je le sais, mais je ne peux que vous répéter que les démons évoqués par le Dr Ochs et ses amis ne sont peut-être pas aussi démons que nous. " 

"Mais comment se fait-il qu'il y ait autant de prêtres là-dedans?"

"Ils sont très intéressés à parler avec les démons. S'ils savaient où sont les vrais démons, vous les verriez fuir tout de suite; mais comme ils n'en savent rien, ils sont obligés de se contenter des représentations que leur offre le Dr . Ochs, qui n'est pas, en fait, aussi catholique dans l'âme qu'il veut le dire."  

"Pourquoi, alors," dis-je? 

"Parce qu'il lui faut jouer son rôle; On ne peut gagner la confiance du peuple qu'en paraissant être de son parti; Mais je ne peux pas vous en dire plus."

"Et vous, il semble que vous soyez protestant?"

"Moi ? Je ne suis pas plus protestant que catholique; Je suis tout ce que l'on veut, et surtout ce que l'on ne veut pas, pour le rôle que j'ai à jouer, je dois incarner l'esprit de contradiction, cet esprit est un diable plus authentique que quiconque que vous avez entendu ou entendu d'autres sessions comme hier soir."

"Êtes-vous un occultiste?"

"Mais non, pas plus que toute autre chose; Je ne suis même pas un spiritualiste, ni un matérialiste non plus; Mon système est négation, je nie l'existence de Dieu, nie l'existence du monde extérieur, nie ma propre existence, je nie encore la négation de tout cela; Je nie l'être, je nie le néant qui est la négation de l'être, et je nie la négation du néant."

"Que voulez-vous nier ainsi?"

"Ils m'appellent le négateur."

Cela a été prononcé sur un ton qui m'a fait frissonner.

"Ce que je dis vous terrifie", continua-t-il, "jusqu'ici j'avais joué un rôle avant vous, et maintenant je viens de me montrer tel que je suis; n'avais-je pas raison de dire que je suis un démon? "

"Quel diable es-tu?"

"Les hommes m'appellent Adamastor!"

Cette fois, j'ai compris, ce nom qui m'avait étonné, n'était autre que celui du démon des Tempêtes, et c'était ce démon que j'avais avant moi!

Il semblait deviner mes pensées:

"N'aie pas peur", dit-il, "je ne suis pas un mauvais diable dans l'âme; Sur la mer, il ne faut pas se fier, mais ici je ne suis pas très redoutable; Et puis, tant que je serai dans la peau d'un homme, j'aurai mon rôle à jouer, et ce rôle n'est pas de déraciner les arbres ou de renverser les maisons; Tant que cela durera, il n'y aura pratiquement pas d'épaves et les cyclones seront rares."

"Alors, quel est votre rôle actuel?"

"Vous saurez plus tard; mais n'oubliez jamais qu'Adamastor est devenu Adam Astor!"

Ayant dit ces mots, il m'a quitté; Je suis immédiatement revenu, effrayé de ma rencontre, tout en doutant encore de l'identité du personnage mystérieux; En tout cas, j'avais rencontré l'opposante.

Je l'ai revu le lendemain; Il avait l'air de très bonne humeur.

"Bien !" Dit-il, en approchant de moi, "il paraît que ce que je vous ai dit hier vous a un peu effrayé, et que vous me considérez comme l'adversaire; Vous savez qu'en hébreu c'est Satan. Je suis, en effet, si je suis quelque chose, et même ce que je suis; Je suis à tous les niveaux, s'il y a des plans, et même qu'il y a quelque chose. Je vous ai dit que j'ai incarné l'esprit de contradiction; Vous dites que l'être est et que le néant n'est pas, et c'est votre logique; Pour moi, c'est le néant qui est et l'être qui ne l'est pas. C'est parce que la logique n'existe pas pour moi, parce que le raisonnement l'a tuée; Pourquoi ne pas parler de ce qui existe et de ce qui n'existe pas, puisque rien n'existe, à moins, au contraire, que tout existe. Même ce que je dis n'existe pas, car par mes contradictions incessantes je m'empresse de détruire ce que je viens de créer; Et pourtant tout cela existe, du seul fait que je l'ai créé; Mais si je l'ai créé, je peux le détruire aussi, à moins qu'il ne puisse être terminé; Dans ce cas, il ne pouvait pas non plus avoir commencé, car tout ce qui avait un commencement devait avoir une fin; D'ailleurs, le commencement et la fin se rencontrent, car l'être et le néant sont identiques; Vous le reconnaîtrez donc là-dedans si vous le pouvez! C'est cela de raisonner dans l'absolu!"

"Pardonnez-moi", répondis-je, "il me semble que vous vous trompez un peu dans le raisonnement, et que vous n'accumulez que des sophismes; D'ailleurs, vous admettez vous-même vos contradictions perpétuelles."

"C'est parce que je joue maintenant le rôle de l'Adversaire sur le plan intellectuel. Je dois donc opposer sans cesse la thèse à l'antithèse, sans jamais les résoudre par synthèse: en toutes choses je montre le binaire, l'antinomie, le déséquilibre; Nier et détruire est ma fonction. C'est pourquoi je raisonne constamment, car si vous et moi avons la faculté de ratiociner, c'est de l'utiliser, et même d'en abuser si besoin est; Le sophisme est le vrai type de raisonnement. Rien de tel que le raisonnement pour tout renverser, c'est par le raisonnement que Descartes en est venu à douter de tout, même de sa propre existence; Mais il a alors eu le tort de rétrograder et de revenir à l'affirmation au lieu d'aller à la négation absolue, qui consiste à nier tout de même l'Absolu!" 

"Tout à l'heure, vous disiez que vous raisonniez dans l'Absolu."

"En effet, car je raisonne dans le vide, dans le néant, et l'Absolu est identique au néant; l'être et le néant sont identiques, et l'Absolu est à la fois être et néant."

"Quelle philosophie admirable!" 

"Oui, c'est la philosophie, et je n'ai pas de meilleurs auxiliaires parmi vous que les philosophes raisonneurs; Leur travail consiste à supprimer les faits et à les remplacer par des théories et des hypothèses; De cette manière, ils démolissent tout en substituant ce qui n'existe pas à ce qui existe, l'abstraction de la réalité."

"Vous êtes très dur pour ces pauvres philosophes."

"Non, je ne dis la vérité que s'il y a une vérité à laquelle je ne crois pas; C'est en tout cas, de mon point de vue, le plus grand éloge que je puisse en faire. Philosophie, science, religion, tout ce dont vous êtes si fiers, vous les hommes, il n'y a dans tout cela que de vaines paroles; A peine un système se construit qu'il s'effondre, et un autre vient le remplacer, disparaître à son tour presque aussitôt, et ainsi de suite indéfiniment. Au milieu de tout cela, vous vous disputez, vous vous battez, vous massacrez même parfois; Je m'en réjouis, car j'aime la discussion, la discorde et la division sous toutes ces formes. La division est le déséquilibre, et le déséquilibre est le mal; Je suis le principe du mal, et le mal n'a pas de principe; Je n'existe pas, je suis néant, mais comme l'être et le néant sont identiques, je suis les deux à la fois, et en même temps je ne suis ni l'un ni l'autre. Et cela revient à dire que je suis l'Absolu!"

"Vous allez bien, en effet!"

"Oui, je suis l'Absolu, c'est-à-dire non Dieu, mais plus que Dieu, car Dieu, s'il est, se manifeste, donc relatif; Je suis Lucifer, Dieu est Adonaï et Lucifer est supérieur à Adonaï, et il remporte la victoire finale sur lui."

"Voici, vous m'exposez à des doctrines singulières; Dieu n'est plus Dieu, il devient l'adversaire, et l'adversaire prend la place de Dieu, dirait-on le manichéisme inversé!"

"Je renverse tout; J'ai mis en place ce qui est en bas, et en bas ce qui est en haut; Ma fonction consiste à nier et à détruire, comme je vous l'ai déjà dit. Vous voyez que vous n'avez pas été trompé; Je suis l'adversaire, je suis Satan!"

Après avoir prononcé ces derniers mots, il est rapidement parti et a disparu.

J'ai continué ma promenade, sans but précis, en réfléchissant à ce que je venais d'entendre; La conclusion qui ressortait le plus clairement pour moi était l'inanité du raisonnement. Cependant, il n'a pas joué le rôle de l'Adversaire, qui, pour m'amener à lui, aurait voulu faire de moi un raisonneur. Je l'ai bien vu après; Mais pour le moment, l'Adversaire a changé son système et a décidé de me rattraper sur d'autres plans que le plan mental.

J'avais longtemps erré, quand j'ai vu un homme au teint bronzé, vêtu d'une tenue étrange et colorée, venir vers moi.

"Salut !" Il a dit, en m'approchant, "vous ne me connaissez pas, mais je vous connais bien; Je sais qui vous venez de quitter et ce que vous pensez en ce moment; Vous avez parlé avec un homme qui n'est pas un homme mais qui est à la fois plus et moins qu'un homme: ses pieds touchent les racines de l'être, sa tête atteint les sommets du non-être, mais il manque ce qui fait deux trois."

"Expliquez-vous", répondis-je, "je ne vous comprends pas bien."

"Étant à la fois supérieur et inférieur à nous-mêmes, il nous est à la fois supérieur et inférieur; Mais ce qui fait deux trois, c'est l'Unité, qui est le centre spirituel, et cela fait défaut, car ce n'est que le binaire déséquilibré. En réalité, l'homme est plus grand que tous les génies, et il peut commander tous les pouvoirs de l'invisible, car il est d'essence divine."

"N'est-ce pas de la fierté?"

"Mais l'orgueil est en soi quelque chose de divin, et c'est par l'orgueil que Lucifer s'identifie à la Divinité. De plus, vous avez étudié les enseignements de la Kabbale, et vous devez savoir qu'Adam Kadmon, dont nous participons tous à l'essence, est identique à la Parole elle-même, dont elle est la manifestation intégrale."

"Il s'agit d'une apologie non déguisée de l'autodéification qui est la cause, si je ne me trompe pas, de la chute de Lucifer."

"Lucifer n'est pas tombé et il règne dans la demeure de la Lumière éternelle!"

"Seriez-vous luciférien?"

"Oui, certainement, et je suis glorifié."

"Mais qui es-tu?"

"Je suis Narad-Sin, le fils du vieil Adar-Samdan, qui est le roi des Romains depuis près d'un siècle; Il m'a envoyé vers toi, viens avec moi dans sa tente."

Je le suivis, poussé par la curiosité, et marchais côte à côte sans dire un mot; Je suis donc allé voir ce mystérieux roi des Bohémiens, cet étrange personnage sur lequel circulent tant de légendes effrayantes.

Nous étions sortis de Paris, et maintenant nous traversions un terrain vague; Nous nous trouvâmes bientôt dans une sorte de campement; Des enfants jouaient devant les tentes, et des femmes se montraient ici et là; Tout cela formait un tout extrêmement pittoresque. Après mon guide, j'entrai dans une vaste tente, qui occupait presque le centre du campement, où deux hommes étaient assis; l'un était un vieil homme vénérable avec une longue barbe blanche; L'autre, beaucoup plus jeune, avec une barbe noire coupée en pointe, avait un regard inquiétant, des yeux sombres qui semblaient flamboyants; Je craignais d'avoir commis une imprudence, mais il était trop tard pour reculer.

Le vieil homme me regarda, et il me sembla que ce regard pénétrait profondément dans mon être.

"Alors", dit-il lentement, "tu n'as pas eu peur de venir?"

"Non", répondis-je, "je n'ai rien à craindre."

"Alors bienvenue."

Et il m'a fait signe de m'asseoir.

"Comme vous le savez déjà", il a repris après un moment de silence, "je suis Adar Samdan, Roi des Chevreuils et héritier des Grands Prêtres de Chaldée, ne me demandez pas mon âge, car je n'ai plus."

 J'ai compris qu'il prononçait une phrase convenue, une formule initiatique; Heureusement, je la connaissais depuis longtemps.

"Je t'entends", dis-je, "quels sont tes droits?"

"Mishtar!"

Il y eut un autre moment pendant lequel tout le monde resta silencieux.

"Vous demandez sans doute", répondit le vieillard, "pourquoi je vous ai fait appeler, parce que les Pouvoirs noirs m'ont spécialement délégué le prince Belphégor, ici présent, pour vous conférer l'initiation selon nos anciens rites et vénérables."

Quand j'ai entendu ces mots, je n'ai pas pu réprimer un mouvement de surprise.

"N'ayez pas peur," dit-il, "nous ne vous demanderons de vous engager que de garder le secret sur ce que vous verrez et entendrez parmi nous, promettez-vous? "

"Oui, je promets."

"Eh bien, puisqu'il en est ainsi, nous allons vous donner l'initiation tout de suite."

Puis, celui que l'on appelait le prince Belphégor, se plaça sur un siège élevé; Adar-Samdan s'assit à sa gauche et Narad-Sin prit son siège à côté de moi, à ma droite.

Adar-Samdan a pris une épée, avec laquelle il a dessiné une croix dans l'espace.

"Aven, frère Rose-Cross!"

Aom! Répondit Narad-Sin.

Je n'ai pas été très surpris d'entendre ces mots répétés ici, par lesquels commença la dernière des sept mystérieuses communications que j'avais reçues.

Entre Adar-Samdan et son fils, un dialogue symbolique s'est ensuivi, et aujourd'hui tous les mots sont profondément gravés dans ma mémoire.

"Très sage frère illuminé", dit-il, "quelle heure est-il? "

" Très puissant Souverain Grand Maître," répondit Narad-Sin, "c'est l'heure de la lumière!"

" Êtes-vous le prince de la Rose-Croix?"

" J'ai ce bonheur."

"  Quel âge avez-vous ? "

" Trente-trois ans!"

"  Qu'est-ce qu'une rose-croix parfaite?"

"  C'est un homme complètement régénéré par la vertu du Feu Sacré, qui est l'agent de la Réintégration Universelle en Adam Kadmon. "

"Comment fonctionne cette réintégration? "

"Par le pouvoir des onze, qui sont l'ineffable Ain-Soph et les dix Sephiroth, qui sont résumés dans Kether-al-Kuth."

"Quel est le privilège des Frères illuminés de la Rose-Croix? "

"C'est la gnose, c'est-à-dire la connaissance intégrale par laquelle le salut de l'humanité doit avoir lieu."

"Quelle est la clé du Grand Arcane? "

"Réintégration dans l'unité par l'amour!  "

"Que cela soit accompli! "

" Fiat! Amen! "

J'étais de plus en plus surpris et je commençais à me demander si je n'avais pas trouvé les êtres mystérieux qui m'avaient envoyé des lettres si étranges. Cependant, quelque chose en moi m'a dit que non, et m'a averti que je devais me méfier de plus en plus, pour ne pas être trompé par les astuces de l'Adversaire. 

Le dialogue s'est poursuivi.

"Très Sage Brother Illuminated, quelle heure est-il maintenant? "

" Très puissant Grand Maître souverain, c'est l'heure où la Parole est perdue!  "

"À quelle heure ouvrons-nous notre travail?"

"  A trois heures de l'après-midi! "

"Allons-nous les ouvrir?"

 " Oui, car il est temps et nous sommes vieux!"

"  Qu'il en soit ainsi!"

"  Amen! "

 Il y eut encore une légère interruption et le vieil homme reprit son interrogatoire.  

"Très sage Frère Illuminé, connaissez-vous le Père?  "

"Je suis glorifié, Grand Maître Très Souverain!  "

"Qui est-il ? "

 "C'est lui qui peut tout faire, et je ne peux rien faire sans lui.  "

"Quel est son nom ?"

"  Je ne peux ni le lire ni l'écrire, puis-je l'épeler?"

"Iod" 

 "Nom"

" Resh " 

 "Iod" 

 "Igne Natura Renovatur Integra"  

"C'est la Grande Parole! "

"Le mot perdu est retrouvé."  

"Alléluia!  "

"Puisqu'il en est ainsi, rendons gloire au Père, à qui appartient le Règne, la Justice et la Miséricorde dans le ... "

 "Aom!  "

Mon étonnement a continué à augmenter; Ces œuvres avaient une apparence entièrement rosicrucienne; pourtant, l'environnement dans lequel je me trouvais ne m'inspirait pas beaucoup de confiance, et je m'attendais toujours à quelque chose de diabolique. 

 "Frère très sage illuminé, quelle heure est-il?"  

" Très puissant Souverain Grand Maître, il est temps de se reposer! " 

 " Pourquoi ? " 

"Parce que la Parole est trouvée."

 "Faut-il alors fermer les travaux?" 

" Nous ne les fermons jamais, nous les suspendons seulement."  

"Qu'ils soient suspendus!" 

 "Amen!"

Je pensais que c'était vraiment la fin, et je dois avouer que j'étais un peu déçu, mais Adar-Samdan a repris presque aussitôt: 

"Très illustre Prince de la Rose-Croix, quelle est l'heure de votre travail? "

" Très puissant Souverain Grand Maître, les oeuvres des Princes de la Rose-Croix sont toujours actives!"

" Quel âge avez-vous ? "

"Je ne compte plus!"  

"Qui êtes vous?"

"Personne ne me connaît sauf le Père, et je connais le Père comme le Père me connaît. "  

" D'où venez-vous ? " 

 "De la lumière éternelle.  "

Adar-Samdan a de nouveau dessiné une croix avec son épée.  

"Ave, Princeps Rosae Crucis! "

" Aom! " 

 Le dialogue s'est poursuivi. 

 "Très illustre Prince de la Rose-Croix, où sont les Frères qui ont reçu la Vraie Lumière de la Sainte Gnose? "

"Dans le Temple du Saint-Esprit, Très Grand Souverain Grand Maître!"  

" Pourquoi ? " 

 "Adorer le Père en esprit et en vérité." 

 "Où est ce temple? "

" Il est partout. " 

 " Quel est son nom ? "

"Pax Profunda! "

"À quelle heure est-il assemblé? "

" Midi culminant. "  

"Pax et lux tecum!"  

"Amen!"  

Cette fois, j'ai reconnu les mots qui terminaient ma dernière missive rosicrucienne; Tout cela a été admirablement suivi. 

"Très illustre Prince de la Rose-Croix, comment avez-vous pénétré dans le Temple du Saint-Esprit? "

"En faisant la volonté du Père, Très Souverain Grand Maître!" 

"Depuis combien de temps êtes-vous là?"  

" Depuis que je connais la vraie Lumière. " 

 "Quelle heure était-il alors?" 

 " Midi culminant. " 

 " Quelle heure est-il maintenant ? "

  "Juste minuit!"

  " Combien de temps avez-vous dû rester dans le Temple? "  

"De midi à minuit." 

 "Alors il est temps de sortir?" 

  " Oui ! " 

 " Pourquoi ? " 

 "Parce que midi est l'heure de la Lumière, et minuit est l'heure des ténèbres." 

 "Puisque c'est l'heure des ténèbres, retirons-nous en paix!" 

"Pax!" 

"C'est fini!"

 "Amen!" 

Maintenant, tout semblait être tout à fait fini, et rien n'indiquait que les œuvres auxquelles j'ai assisté n'étaient pas de véritables œuvres rosicruciennes, même si ceux qui avaient prononcé ces mots symboliques leur avaient donné un sens luciférien. C'était assez probable, d'après ce que Narad-Sin m'avait dit quand je l'ai rencontré; En revanche, le prince Belphégor, délégué des Black Powers, pourrait bien être le diable du même nom, un congéniteur d'Adamastor. Mais une voix intérieure vint m'expliquer ce que je ne comprenais pas: oui, ces œuvres étaient vraiment rosicruciennes, car les lucifériens ne voulaient initier que de vrais princes de la Rose-Croix; Ils commencèrent ainsi par achever leur initiation antérieure, et cela constitua une initiation rosicrucienne parfaitement valable, bien qu'obtenue par la voie de la gauche; Mais maintenant, je devais encore recevoir l'initiation luciférienne, ce qui était très peu à mon goût.

Adar-Samdan parla à nouveau, mais cette fois s'adressant directement à moi:

"Vous semblez un peu fatigué ce soir, dit-il; "Nous te permettons donc de te retirer; tu reviendras vers nous quand tu voudras connaître la Vérité Totale, et alors nous te donnerons le complément de l'initiation."   

Et d'un geste il me congédia; J'ai eu du mal à pousser un soupir de soulagement. Pendant tout le temps que j'avais passé là-bas, le mystérieux Belphégor n'avait pas prononcé un mot. Narad-Sin m'a ramené au bord du campement.

"Au revoir", me dit-il en me quittant, "et que les Pouvoirs Noirs vous soient favorables.  "

La nuit était venue; Je m'empressai de rentrer à Paris et de regagner ma demeure, ayant du mal à croire à la réalité de tout ce que j'avais vu et entendu; ainsi l'Adversaire, au lieu de me blesser comme il le souhaitait, m'avait servi, parce que j'avais évité de tomber dans ses pièges; Grâce à lui, j'étais devenu prince de la Rose-Croix.

Le Dieu Noir  

Je suis resté plusieurs jours enfermé dans ma maison, préoccupé par tous ces événements étranges et mystérieux, et n'osant pas sortir par peur de rencontres fantastiques.Cette peur n'était pas vaine, car dès la première promenade que j'ai faite, je me suis retrouvé presque immédiatement face à face avec le redoutable Adam Astor, qui était accompagné du docteur Ochs.  

"Eh bien", dit-il sans préambule, "avez-vous rencontré Narad-Sin et son père Adar-Samdan, le vieux roi des Romains? "

"En effet, " répondis-je," mais comment le savez-vous? Vous les connaissez vous-même?" 

 "Si je les connais! Comment pouvez-vous me poser une telle question? Ne savez-vous pas que je suis, comme Belphégor, que vous avez vu à Adar-Samdan, un délégué des Pouvoirs noirs? "  

"Alors vous et Belphégor êtes deux démons?"

 "Oui, bien sûr, puisque vous êtes heureux de nous appeler ainsi, mais pour nous et nos amis les Lucifériens, c'est votre Dieu qui est le vrai Diable, l'Adversaire du Pan Dieu."

  "Comment appelez-vous Dieu Pan?" "

" Lucifer, dont nous Esprits du Feu sommes les ministres, et qui règne dans la demeure de la Lumière éternelle! "  

"Je ne reconnais plus en vous le Négateur de l'autre jour.  "

"Le rôle que je dois jouer n'est plus le même aujourd'hui." 

"Mais vous, docteur," dis-je en m'adressant au compagnon d'Adam Astor, "je vous croyais catholique; comment pouvez-vous entendre de telles déclarations sans protester énergiquement et même tenter un exorcisme si nécessaire?"  

" Oh", a répondu le docteur Ochs," j'étais catholique quand c'était nécessaire; Maintenant j'ai changé ce rôle aussi, et le cercle spirite ou psychique, si vous préférez, où vous m'avez rencontré, ne fonctionne plus, car nous sentions qu'il n'avait plus sa raison d'être, du moins jusqu'à nouvel ordre . "

" Alors toi aussi tu es luciférien! " 

 "Oui en effet, et je me glorifie!" 

 C'était exactement ce que Narad-Sin avait dit quand je lui posais la même question; Ce devait être une formule conventionnelle, que les Lucifériens utilisaient pour se reconnaître entre eux. 

Le docteur a coupé court à mes pensées.  

"Pendant que j'y pense", continua-t-il, "je dois vous faire une recommandation: ne m'appelez plus jamais le docteur Ochs; je suis maintenant le docteur Ariel. "

"Ah! Et pourquoi ça?" 

"Parce que le Dr Ochs est mort; nous devons changer de nom chaque fois que nous changeons de personnalité, c'est-à-dire de rôle; cela n'a que peu d'importance, tant que nous sommes ici-bas, nous ignorons notre vrai nom, de sorte que nous sommes réduits à ne prophétiser que des sobriquets. "

 "Quand pouvez-vous connaître votre vrai nom?" 

"Quand nous vivons au milieu de la Lumière éternelle dans la demeure du Dieu de Dieu. Les noms, c'est-à-dire les nombres caractéristiques de tous les êtres, seront identifiés au zéro absolu, auquel ils seront indissolublement unis ." 

C'était une étrange adaptation des hauts enseignements de la Kabbale, où l'unité a été remplacée par zéro; Mais j'ai pris soin de ne pas faire cette remarque à voix haute, car je voulais laisser mes orateurs parler librement, afin d'en apprendre le plus possible sur leur récit.

Mais Adam Astor a simplement ajouté ces mots en guise de conclusion:

"Oui, tout retourne à l'Absolu parce que tout en est sorti, et l'Absolu est néant."  

C'était en effet la formule finale du pessimisme le plus extrême, et pour la première fois dans cette conversation, je reconnus en ces mots l'éternel négateur.

Nous nous sommes séparés sur ce point, mais Adam Astor m'a dit: "Ce soir, juste à minuit, dans le camp d'Adar-Samdan!"

Malgré mes appréhensions, la curiosité prévalait en moi, et je promis d'être exact au rendez-vous; J'étais maintenant prêt à tout, et risquer ma vie me paraissait insignifiant, pas même vulgaire, si éloigné des idées communes de la vie et de la mort. quelques minutes avant minuit. Adam Astor m'attendait à l'entrée, accompagné de Narad-Sin; Et contrairement à ce que j'avais pensé, l'ancien Dr Ochs n'était pas là.

Malgré mes appréhensions, la curiosité prévalait en moi, et je promis d'être exact au rendez-vous; J'étais maintenant prêt à tout, et risquer ma vie me paraissait insignifiant, pas même une preuve vulgaire, si éloignée des idées communes de la vie et de la mort. A la tombée de la nuit, je suis parti pour le camp des Bohémiens et j'y suis arrivé quelques minutes avant minuit. Adam Astor m'attendait à l'entrée, accompagné de Narad-Sin; Et contrairement à ce que j'avais pensé, l'ancien Dr Ochs n'était pas là.

Après quelques mots de bienvenue de Narad-Sin, nous entrâmes silencieusement dans la tente du vieux roi; Ce dernier était en compagnie du prince Belphégor, bien sûr, et aussi d'une jeune femme d'une extraordinaire beauté richement ornée d'étranges ornements. J'ai su plus tard que c'était la sublime maîtresse du feu et du métal, qui jouissait d'une véritable toute-puissance chez les Romains, car le roi lui-même ne faisait rien sans la consulter; Comme j'ignorais alors cela, j'ai été plutôt surpris de la présence d'une femme dans de telles circonstances.

Narad-Sin écarta un rideau qui cachait une partie de la tente transformée en sanctuaire; Au fond se tenait le serpent d'airain, enveloppé dans ...; Devant se trouvaient trois sièges hauts, des sortes de trônes, devant lesquels se trouvaient trois autres sièges inférieurs; Au milieu se trouvait un autel triangulaire, supportant un poêle allumé dans lequel brûlaient des parfums aux odeurs étranges.

La sublime maîtresse du feu et du métal prit place sur le trône du milieu; Belphégor s'assit à sa droite et Adam Astor à sa gauche. Adar-Samdan se tenait devant la sublime maîtresse, ayant Narad-Sin à sa droite et moi à sa gauche; Nous nous sommes assis sur les trois sièges bas, et nous nous sommes ainsi retrouvés face à face avec Belphégor, dont je sentais de nouveau le regard enflammé fixé sur moi-même.

Puis la sublime maîtresse du feu et du métal entame un dialogue rituel avec Adar-Samdan.       

"Puissant Grand Maître Souverain, quelle heure est-il?" 

" Grande Maîtresse Très Illustre et Sublime, il est minuit. " 

 "A quelle heure ouvrons-nous notre travail?" 

 " À minuit. "  

" Quel âge avez-vous ? " 

 "Sept fois onze ans" 

 "Puisqu'il est temps et que nous sommes vieux, invoquons le Dieu Pan selon notre vénérable rite!"

  "Sanctus, sanctus, sanctus, Lucifer Deus optimus maximus, qui vit et regnat dans aeternum, ... excelsior ... Coeli et Terra gloria ... adoremus sum ...!..."

"Amen! Amen! Amen!"

"Esprits de feu, ministres de Dieu Pan, qui habitent avec lui au sein de la Lumière éternelle, soyez favorables!"

"Baal-Zebul, et Moloch, et Astaroth, et Asmodeh, et Behemoth, et Léviathan, et Adramlech, et vous tous qui commandez les légions saintes de l'armée de Dieu Pan, vous tous qui vous battez contre Adonaï et le sien. . Leur domination tyrannique, soyons favorables! "

"Amen!"

Il y a eu un moment de silence ; Je me sentais assez mal à l'aise, et ces étranges invocations me remplissaient d'une vague terreur; Il me semblait que j'allais être témoin de quelque chose d'épouvantable. La Grande Maîtresse se mit à réciter, sur un ton de psalmodie lente, les litanies du Dieu noir.

"Lucifer, O Dieu Pan, nous t'invoquons!"

"Père du monde, nous vous implorons! Écoutez notre voix, entendez nos prières! Ouvrez-nous la demeure de la Lumière éternelle! Nous vous aspirons, ô Divin Rien! Mais pourquoi nous repoussez-vous? Pourquoi ne nous montrez-vous pas nous votre bonté? Pourquoi pratiquez-vous la rigueur avec nous? Pourquoi vous éloignez-vous de votre royaume? Pourquoi gémissez-vous sous la tyrannie d'Adonaï? Êtes-vous devenu comme lui tyrannique et cruel, ou avez-vous été vaincu par lui? vous maintenant deux en un, binaire équilibré dans le Dual Harmony?"

"Dieu à deux visages, Janus Bifrons, à la fois cruel et bon, terrible et miséricordieux, que nos prières vous parviennent! Dieu béni et maudit à la fois, soyez favorable à toutes les œuvres que nous entreprenons pour votre plus grande gloire! Si vous êtes sourd à la prière et au culte, écoutez au moins le blasphème et l'imprécation! Pour qui es-tu tombé du ciel comme un éclair, ô Lucifer! Pourquoi tes rayons sont-ils maintenant froids et sans lumière, O Soleil Noir? Pourquoi enveloppes-tu notre monde de tes innombrables plis, ô Serpent Astral? Pourquoi t'enveloppes-tu insolemment dans l'arbre de vie, ô Nahash?"

......

"Pourquoi veux-tu nous écraser sous ta masse gigantesque, Oh Behemoth? Pourquoi veux-tu nous noyer sous les torrents d'eau qui s'échappent de tes narines, ô Léviathan? Pourquoi veux-tu nous abaisser au rang de brutes, Oh Adramlek? Pourquoi veux-tu nous brûler vifs, nous tuer dans les flammes que tu as allumées, Démon des feux, Oh Haborym? Pourquoi voulez-vous nous emmener à votre infâme sabbat, parmi les spectres, les démons, les larves, les goules et les stryges, Oh ...? Pourquoi voulez-vous que nous fassions toutes choses à l'envers, reflet sombre du Très Haut, Oh Très Bas? Pourquoi renversez-vous le signe de l'ésotérisme, Oh Baphomet? Pourquoi as-tu fait trembler de peur nos ancêtres comme de vils esclaves, Oh ...? Pourquoi veux-tu être à nouveau adoré par nous, Oh Dieu Noir? Pourquoi cachez-vous votre visage et refusez-vous de voir la lumière, ô Lucifuge? "Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Non, les blasphèmes ne servent à rien, pas plus que des prières! Nous ne sommes que vos esclaves alors que nous devrions être vos enfants! Adonaï qui en est la cause, maudit soit-il! Et toi, Seigneur de la Lumière, toi qui es notre Père, envoie-nous un rayon de la Divinité! Nous te blasphémons, nous t'implorons à genoux! Lucifer, ô Dieu Pan, ayez pitié de nous!"

Ces mots étranges, où se mêlaient les sentiments les plus contradictoires, m'ont fait naître un étrange sentiment de malaise. C'était loin d'être terminé et je n'avais encore rien vu. A ce moment, la flamme du poêle s'éleva haut et droit, illuminant la scène d'une lumière froide et sinistre comme une lueur de feu, dans laquelle Il me sembla qu'il y avait un tourbillon ...

"Les Pouvoirs Noirs nous sont favorables", s'écria Adar-Samdan, "évoquent le Divin Samael!"

La Grande Maîtresse a immédiatement commencé à réciter la prière appropriée à cette circonstance.

"C'est à vous qu'en ce jour sont adressées nos prières, ô Samael, vous que nos pères ont imploré dans les temples de ... et ..."

"Archange aux ailes sombres, daignez nous jeter un regard favorable! Maître ...et la mort, épargnez-nous votre angoisse et votre terreur! Toi qui es le Prince de ce Monde, écoute notre voix! Nous sommes vos enfants soumis et vos fidèles serviteurs, commandez et nous obéirons! L'âme de la terre manifeste votre présence sous forme visible à nos yeux imparfaits! Samael! Samael! Nous vous invoquons par votre nom divin et humain à la fois! Daigne ...  pour venir présider notre ...! Si vous êtes satisfait de nous, laissez votre vue être notre récompense! Amen! Amen! Amen!" 

Il y eut alors un profond silence, j'étais rempli d'angoisse, et mon cœur battait pour me briser la poitrine, même si j'étais très difficile à effrayer. 

 L'attente semblait interminable; La flamme était presque éteinte et de grandes ombres se balançaient autour de nous.  

Puis j'ai vu des êtres humains entrer, des hommes et des femmes se glissant sans bruit à l'intérieur de la tente; Les Romains, attirés par une force invisible, vinrent tous assister à la mystérieuse manifestation qui allait avoir lieu. 

Quand ils entrèrent, le calme était revenu; Dans l'obscurité, les plus petits objets prenaient des proportions fantastiques, et il me semblait que nous étions transportés dans un temple gigantesque, vestige monstrueux d'une civilisation disparue.

Soudain, un froid mortel envahit le sanctuaire, un immense frisson secoua les spectateurs.

Samael était là sans être vu apparaître; Il semblait qu'il était là depuis toute l'éternité. Ses yeux flamboyaient comme des anthrax, et leur lueur sinistre remplissait l'assemblée d'une horreur muette et d'une horreur sans nom. Sa bouche grimaçait, monstrueuse et grotesque, riant d'un rire funèbre; On aurait dit une hyène avec ses dents acérées écrasant les os des morts. Quand cette bouche fut ouverte, on pensa qu'il y avait un aperçu béant de la fournaise où se faisaient une alchimie atroce, la mort, le poison et le crime.

Son dextre brandissait un lourd sceptre de fer, signe maléfique de la domination que l'Archange déchu exerce sur le monde. Son vêtement semblait tissé d'un or livide taché çà et là de boue et de sang. Son ventre était couvert de peau écailleuse et sa croupe ondulait dans un pli de serpent.

Le monstre parla enfin; Il a dit: "Hommes, tremblez! Parce que je suis votre maître et que je veux être obéi!"

Sa voix sonnait comme un cuivre lugubre, et la terre elle-même semblait secouée. Le tumulte se réveilla comme un terrible écho dans l'âme de chacun de ceux qui étaient là, presque mort de peur et anéanti.

"Oui, je suis votre roi! Ce Monde est mon empire! Et malheur à quiconque transgresse la loi! Qu'ils me haïssent, eh bien! ... A condition que je sois craint! Etant votre ennemi, je suis moins harcelé par des clameurs importunes j'aime être détesté et parfois insulté, et j'aime écouter le concert de blasphème de la rage impuissante et des malédictions! Oui, je suis l'adversaire et je suis le démon! Je suis Baal-Zebul; Behemoth, Léviathan , Moloch, Adram-elek, Astaroth, Asmodée! Je suis enfin Bélial je suis ... Je suis Satan! "

"Tous ceux qui m'écoutent savent qui je suis! Avares imbéciles, je suis le dieu de l'or! Je suis Hammon, Plutus, gardien de tes trésors, dont tu tiens tout, sans qui tu n'aurais rien! Infâme luxueuse avide de débauche, je reconnais en vous des esclaves obéissants, moi le mari de Lilith, la Grande Prostituée! Et je serai pour vous Adonis ou Tammuz, Cupidon, Antéros, tout ce que vous voudrez!"

"Envieux, jaloux, menteurs aux langues de vipère vous êtes mes sujets, et même mes enfants! On ne m'a pas donné en vain le nom de Diable ou de Calomniateur, car je suis le Nahash, le serpent perfide du légendaire Eden! Et vous qui vous adonnez aux plaisirs de la table, ivrognes titubants, cochons étalés dans la fange! Vous m'adorez aussi, le dieu des orgies, Dionysos ou Bacchus, ... Quel que soit le nom! Guerriers sanguinaires, je suis l'Arès rouge, Mars le dieu des combats, des meurtres, du carnage, me baignant chaque jour dans des torrents de sang! C'est toujours avec plaisir que je respire le relent nauséabond des cadavres exhalés jetés sans tombes aux corbeaux et aux vautours! Quant à vous qui aimez le luxe et la douceur, c'est moi qui vous envoie de délicieux rêves! Moi, Phantasius ou Morphée, le dieu des illusions! Et vous, grands de la terre, héros et potentats! Reconnaissez en moi celui qui vous inspire, en moi celui qui a Dieu a même voulu m'égaler! Car je suis le fier! Oui, je suis Lucifer!"

"Oui, vous m'appartenez, misérables esclaves! Sachez que je suis tout et que vous n'êtes rien, car je suis le Grand Pan, je suis le Baphomet! Imprudents que vous êtes, qui m'ont appelé, qui dérangent mon repos, craignez ma colère! Quoi que vous fassiez, vous mourrez tous un jour! La mort est mon domaine, et là je règne en maître! Personne n'oserait contester mon empire! Hadès, Oreus, Pluton, je suis le roi des enfers, où je me tiens aux côtés de la redoutable Hécate, où je suis assisté par les Furies et les Destins! Vous trouverez en moi un juge inflexible! Mon geste suffira à vous faire retourner immédiatement dans le Vide! ... J'ai dit ! Hommes, tremblez!"

Et, ayant dit, il a disparu; Avec lui, le froid glacial s'est estompé, mais la terreur a persisté longtemps.

Cependant, la flamme du poêle se rallumait; À sa lueur, je voyais qu'Adam Astor et Belphégor avaient également disparu. 

J'étais toujours avec Adar-Samdan, et j'ai aussi vu Narad-Sin et la Grande Maîtresse; Mais je me demandais ce qu'étaient devenues les roches que j'avais vues entrer; A part nous cinq, il n'y avait personne dans la tente, qui avait repris son aspect primitif.

Le rideau tomba, cachant la grande maîtresse et les trônes, l'autel et le serpent d'airain. 

Puis Narad-Sin, se levant, vint vers moi et me dit: "Vous semblez avoir fait un mauvais rêve; vous feriez bien de retirez-vous et retournez dans votre logement pour vous reposer. "   

Et me prenant par la main, il m'a conduit hors de la tente et m'a conduit hors du camp.

Je suis rentré chez moi en silence et sans me retourner; Cette nuit-là, mon sommeil était agité d'affreux cauchemars: il me semblait être assailli par des bandes de démons, et la vision de Samael m'obsédait sans cesse; Enfin j'ai perdu toute conscience et je ne me suis réveillé que très tard le lendemain.

*********

Cela marque la fin du manuscrit publié par Hapel dans l'un de ses blogs désormais supprimés. J'ai décidé de publier également certains des commentaires qui ont été laissés à l'époque, sous le manuscrit:

p. 2, 5ème ligne: Ce clash -> qui me frappe (blog) 

 p. 2, 7ème ligne, à la fin: Illusion, -> illusion; (Blog)

 p. 2, 11e ligne: Plus ou moins semblable à moi, et, de plus, de supprimer la répétition suivante: "s'ils me ressemblent plus ou moins, et d'ailleurs". (Blog) 

 p. 5, après la ligne 18, la phrase suivante a été omise: "Vous avez longtemps médité sur le mystère, mais vous n'avez pas encore reçu la lumière!" Sachez que l'énigme du Sphinx est triple, et que trois se résolvent en quatre. "(Blog) 

 p. 6, 4ème ligne. Nous partageons la remarque de Bruno Hapel sur Ashor qui n'a pas sa place dans votre numération: "Rota, Taro, Ashor, Thorah" (dactylographiée)  

p. 12 § 3, ligne 2, la leçon Ochs semble certaine, le O est presque terminé sur notre copie (blog)  

p. 21, 30e ligne (3e ligne à partir du bas) Mishtar! (Le pouvoir en hébreu) est souligné (blog)   

p. 22, ligne 20: Aven, Frater Rosae-Crucis! -> Ave, Frater Rosae-Crucis! (Blog) (la machine à écrire ajoute un trait d'union entre Frater et Rosae) 

 p. 25, ligne 2: Rendons gloire au Père, à qui appartient - rendons gloire au Père, à qui appartient

  p. 25, ligne 3: dans le .... [Mot indéchiffrable] -> dans [.] Ons .... [Mot indéchiffrable], le mot indéchiffrable est composé de 4 lettres dont la partie supérieure est effacée. Cela pourrait aussi être un A, mais les restes de la lettre effacée ressemblent à l'E de l'Éternel qui se trouve plus loin; Le mot est donc probablement Eons ou Eons (on s'attendrait cependant à Eons of the Eons) (tapé)

  p. 26, ligne 3: Après cette ligne, il manque deux phrases: "Où vas-tu?" "[Mot très court effacé, verset?] La Lumière éternelle (blog)

  p. 27, ligne 22: "Pax!" [Début de phrase indéchiffrable, un ou deux mots] -> [..] onx om Pax! (Typographie)   

p. 30, 4e à partir du bas: Dans le séjour du Dieu Pan -> dans la demeure des [...] lers ou [.] Lers du Dieu Pan (Bon?). D'une manière générale dans ce qui suit, le leçon Pan semble très incertain et Bon nous semble mieux correspondre, le o est à peine effacé et peut difficilement correspondre à un a et la boucle inférieure du B majuscule empêche la lecture 

 P.p. 32, 6ème rangée à partir du bas: "Sanctus, sanctus, sanctus, Lucifer Deus optimus maximus, qui vit et regnat dans aeternum, ... excelsior ... Caeli et Terra gloria ... adoremus sum ...! [Beaucoup d'indéchiffrables mots]  Nous croyons que nous pouvons améliorer: 

"Sanctus, sanctus, sanctus, Lucifer Deus optimus maximus, qui vit et règne pour toujours plus haut excelsis excelsior, Pleni sunt Cæli et Terra gloria tua! ... et adoremus eum in ...!"

p. 34, Notre copie est profondément dégradée, le texte est complètement effacé sur une bande verticale de 3 à 4 cm. Ci-dessous, nous donnons ce que nous avons pu déchiffrer:

"Pourquoi ... dans le monde inférieur, où tu étais ... parmi l'écorce, ô Adam Belial? Pourquoi ... vos pièges, autant que les artifices [...] Ô démons? Pour quel [...] ennemi, à nous qui ne t'avons rien fait, ô [...] Pourquoi [...] revenir sans ton sceptre, toi dont [...] ô prince de ce monde? Pourquoi ... de toi le poison et la mort, ô Samael? Pourquoi [...] l'infatigable Ô Thanatos? Pourquoi ... vos nombreuses légions, la pente, la guerre, ... et toutes les plaies, ô Baal-Zebul? Pourquoi [...] et les imprécations de [...] Pourquoi [...] constamment de nouvelles victimes, toi que le sang ... peux apaiser, O Moloch? Pourquoi ... tes faux et faux oracles, O [...] Pourquoi toujours [...] images illusoires, fantômes [...] consistances et sans réalité, ô âme de la terre."

"Pourquoi le [...] coup de foudre dans l'air, déchaîne la [...] mer avec fureur, et vomis-tu du feu par la bouche ... Ô Adamastor? Pourquoi [...] diriger le flot incessant des courants de [...] O Typhon? Pourquoi [...] -tu pour nous empêcher de pénétrer dans la Lumière ... Ô gardien du seuil? Pourquoi les sept tuyaux sont-ils devenus muets, et [...] enlevé des oreilles les échos des vallées et des [...] gens que l'on croyait morts, ô Grand [Pan?]? Pourquoi êtes-vous [...] à la convoitise et aux mauvaises actions, O [...]? Pourquoi ne pouvez-vous pas [...] sans repos et sans trêve, infatigable [...], ô adversaire? Pourquoi, toi, qui a frappé cent fois l'anathème, O [...] Pourquoi [...] à nos yeux le vertigineux [...] éblouissant? Pourquoi, de tous côtés, ton symbole obscène, ô Belphégor? Pourquoi ... la forme de la chèvre, bête fétide O Mendes? Pourquoi [...] les formes les plus séduisantes pour mieux [...] Astaroth?"

Quant à Rota, Taro, Ashor, Thorah, Jean-Pierre Laurent, il le cite ainsi: "Rota, Taro, Ashtor, Thora. Il est probable qu'il avait le manuscrit dans ses mains car il décrit le cahier.

*******************

Ceci conclut le document, ainsi que les commentaires supplémentaires, que j'ai à ma disposition. Le sentiment d'avoir des «informations secrètes» que les autres n'ont pas et d'être ainsi plus proche d'un auteur mort que la généralité des lecteurs est sans aucun doute celui qui afflige les goûts de M. Hapel. Ceci, avec sa lâcheté générale, est probablement la raison pour laquelle il a annulé ce manuscrit de son blog.

Ce comportement enfantin persiste non seulement dans les cercles «guénoniens», mais dans une certaine mesure, dans tous les autres groupes où un individu est idolâtré. Je soulignerai une fois de plus l'imposition de «doctrines tantriques» dans une œuvre fictive clairement inspirée par les organisations initiatiques occidentales, ainsi que la compréhension générale de l'ésotérisme par Guenon.

Simplement parce que Guenon a inclus le mot «aum», une ou deux fois dans tout ce manuscrit, Hapel n'y voit que de l'hindouisme et du tantrisme, ignorant complètement toutes les autres formules rosicrucienne, hermétique, bohème et maçonnique! Ceci est en cohérence avec les mythes étranges qu'il a construits au fil des ans.

Pour sa part dans tout cela,  "Tagada", est venu à nouveau à la défense de Guenon, affirmant que ce manuscrit, entre autres, avait été volé et que M. Hapel avait rendu un mauvais service à Guenon en le publiant. Si tel est le cas, j'exhorte "Tagada" à employer ses prodigues pouvoirs d'édition, en tant que pompeux rédacteur autoproclamé et éditeur des écrits de Guenon. Espérons qu'il fournira de meilleures copies de ces manuscrits non publiés et réussira là où le lâche M. Hapel a échoué. 

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M. Hapel avait précédemment supprimé ce roman, quand il a soudainement rétracté tout son blog quelque temps en 2017. Le lâche l'a ensuite réintégré docilement, mais d'une manière moins dramatique qu'à l'origine. La preuve en est dans les commentaires qui sont présents dans cette reproduction. Si l'on utilise le lien fourni par M. Hapel, on remarquera que les commentaires originaux sont tous rétractés.

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